François Burgat est un islamologue et politologue français. Directeur émérite de recherche au CNRS (2016) et à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (IREMAM), il consacre l’essentiel de ses travaux à l’étude des dynamiques politiques et des courants islamistes dans le monde arabe. Mais ce qui caractérise le plus ce scientifique n’est pas seulement sa stature académique. Il est aussi un fin « observateur de l’évolution de l’Islam et dont la contribution au débat sur cette question brûlante mérite une attention particulière. Quand les “spécialistes” du sujet restent à l’ombre de leur cabinet, lui a le mérite d’aller chercher l’information là où elle se trouve. Quand les sociologues de salon pérorent, confortablement installés dans leurs fauteuils, sur les sociétés musulmanes et sur le phénomène islamiste, lui va surprendre les acteurs sur leurs “chantiers”. » [1]
C’est un des rares européens qui échappent aux préjugés de leur temps concernant le fait islamiste. «Même les scientifiques français, aux quels Burgat s’en prend d’ailleurs avec verve, restent claquemurés[2] dans le sanctuaire de “Sainte Laïcité” qui leur voile l’horizon et qui les empêche d’être objectifs. » [3] « Burgat aura donc eu l’autre mérite de s’attaquer à l’idolâtrie ambiante et de casser du laïque avec entrain en iconoclaste méthodique .Eclaireur rusé aussi, il pousse l’art de la détection jusqu’à cacher soigneusement ses atouts: arabisant correct ayant accès direct aux textes, parlant parfaitement l’arabe, il vous cache sa connaissance de votre langue pour mieux vous “coincer” en vous laissant batailler avec votre élocution d’un français rocailleux et laborieux. » [4]
Que peut bien nous dire de l’islam et du problème de la laïcité cet écrivain et chercheur si atypique? Marquant la différence de lecture que musulmans et Français font de la laïcité et se posant la question, il écrit ceci: “Du Caire à Alger, en passant par Amman ou Sanâa, on peut depuis quelques années se faire traiter par ses ennemis politiques de…laïque. Comment l’une des valeurs les plus chères à la culture française a-t-elle pris chez tant de nos plus proches voisins une connotation quasi infamante? Par quelle alchimie historique notre ‘bien’ est-il devenu leur ‘mal’? Que veut donc dire ‘laïcité’ dans la bouche des imprécateurs qui réclament aujourd’hui sa disparition?”[5]